Des extraits du « Gavroche de Kotorosk » furent diffusés dès le lendemain aux journauxjournaux télévisés de treize et vingt heures, et de nombreuses bandes-annonces constellèrent l'antenne afin de drainerattirer les spectateurs de chaque tranche horaire vers le numéro spécial de « Reporters du monde » que Polex avait programmé pour le prime timel'heure de grande écoute (en début de soirée, quand les gens sont devant leur télé) du mercredi. Jean-Yves Delorce avait réussi à se faire embarquer parpartir avec un détachementgroupe de soldats de Casques bleus qui partaient en permission à Rome, puis un avion privé affrété par la chaîne l'avait déposé au Bourgetaéroport parisien. Il prit quelques heures de repos dans un palacehôtel de luxe du Front de Seine.
Plus de quinze millions de téléspectateurs écarquillèrentouvrirent grand les yeux quand le générique de l'émission s'incrusta sur les écrans.
Au même moment, Philippe, son cameraman, traversait le pont aux lames disjointes jeté au-dessus des eaux boueuses de la Milva. Il tendit les deux cent cinquante dollars au sniper qui l'attendait derrière une école maternelle détruite.