Montserrat d'Emmanuel Roblès

Simon Bolivar (1783-1830), général et homme politique, est l’inspirateur des guerres d’indépendance en Amérique du Sud, territoire occupé par les Espagnols depuis le XVIe siècle.
Dans sa pièce Montserrat, Emmanuel Roblès évoque les événements du Venezuela en 1812 et la lutte pour l'indépendance.
Bolivar a réellement existé mais l'histoire racontée dans cette pièce de théâtre est inventée.

Acte I, scène 2

IZQUIERDO, MORALES, soldats espagnols

IZQUIERDO- Nous sommes parvenus à l’aube près de la ferme où, selon nos indicateurs informateurs, Bolivar, malade, s’était réfugié. J’ai fait cernerJ'ai ordonné d'entourer les bâtiments. Mes hommes ont fouillé partout. EnvoléIntrouvable. Disparu. Il s'était sauvé.… Ils étaient aussi enragésfurieux, en colère que moi. Ils ont tout massacré, tout incendié. Je n’ai pas su les retenircontrôler, calmer tant j’étais furieux… Mais, quand le feu a entaméa commencé à brûler, a touché les granges, un Nègre est sorti, à demi fou de peur. Il s’était caché sous la paille. Il a vu les autres corps au milieu de la cour et il n’a pas fallu beaucoup d’efforts pour lui faire raconter sa petite histoire. Un de mes soldats l’aidait, malgré tout, en lui caressant un peu le ventre à petits coups de baïonnette

MORALES, riant Qu’a-t-il dit d’intéressant ?…

IZQUIERDO, à haute voix, les sourcils froncés. Bolivar a été prévenu au milieu de la nuit. Il avait une violente fièvre et il a fallu le hisserporter sur son cheval et l’attacher à la selle. Où est-il reparti se cacher ? Le Nègre n’en savait rien. Aussi je l’ai fait pendre… (Il réfléchit). Même s’il l’avait su, naturellement, je l’aurais fait pendre.

MORALES - Il t’a donné le signalementla description de l’homme ?

IZQUIERDO - Je l’ai.

MORALES - C’est un Espagnol, n’est-ce pas ? […] Puisque tu le connais, il te sera facile de le capturer et de le faire parler à son tour… Les fourmis rouges… ou le plomb fondu dans les oreilles…

IZQUIERDO- Tu as l’imagination un peu courteTu n'as pas assez d'imagination.



  • Acte I, scène 7