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"Colombus lands on las Indias" peint par Wayne Alaniz Healy en 1992
pour le cinquième centenaire de la découverte de l'Amérique par C.Colomb
Christophe Colomb et ses trois caravelles sont en mer depuis plus de deux mois. L'équipage se révolte et exige de faire demi-tour. Christophe Colomb obtient un délai de trois jours : si la terre ne parait pas, ils reviendront en Europe.
Aux Américains
En quarantaine.
« En Europe! en Europe!-Espérez!-Plus d’espoir?
« -Trois jours, leur dit Colomb, et je vous donne un monde
Et son doigt le montrait, et son oeil, pour le voir,
Perçait de l’horizon l’immensité profonde.
Il marche, et des trois jours le premier jour a lui"a lui" : verbe "luire" = briller;
Il marche, et l’horizon recule devant lui;
Il marche, et le jour baisse. Avec l’azurbleu de l’ondela mer
L’azur d’un ciel sans bornesans limites, sans terres à l'horizon à ses yeux se confondle bleu de la mer et du ciel se mélangent,
Il marche, il marche encore, et toujours; et la sondecorde avec un poids pour mesurer la profondeur de la mer
Plonge et replonge en vainsans résultat, pour rien, inutilement dans une mer sans fond.
Le pilote en silence, appuyé tristement
Sur la barre qui crie au milieu des ténèbresla nuit, l'obscurité,
Écoute du roulisle mouvement des vagues le sourd mugissementbruit des vagues,
Et des mâts fatigués les craquements funèbresqui annonce un malheur, inquiétant.
Les astresétoiles de l’Europe ont disparu des cieuxdu ciel;
L’ardentebrillante croix du Sud épouvanteeffraie, fait peur ses yeux.
Enfin l’aubele lever du jour attendue, et trop lente à paraîtrevenir, arriver,
Blanchit le pavillonla voile de sa douce clarté:
« Colomb, voici le jour! le jour vient de renaître!
-Le jour! et que vois-tu?-Je vois l’immensité.»
[...]
Oh! qui peindra jamaisréussira à décrire cet ennui dévorant,
Ces extasessentiment très fort, jouissance d’espoir, ces fureurs solitaires,
"sages vulgaires" est un oxymore
D’un grand homme ignoréincompris qui lui seul se comprend?
Fou sublimegénial, insulté par des sages vulgairesignorants!
expliquer Galilée: héliocentrisme contraire aux saintes écritures/ géocentrisme
Tu le fus, GaliléeGalilée: savant italien (1564-1642) censuré par l'Église ! Ah! meurs… Infortuné,
A quel horrible effort n’es-tu pas condamné,
Quand, pâle, et d’une voix que la douleur altère,
Tu démens tes travauxtu dis que tu t'es trompé, ta raison et tes sens,
Théorie de l'héliocentrisme : le soleil ("hélios" en grec) est au centre de l'univers et la terre tourne autour.
Le soleil qui t’écoute, et la terre, la terre,
Que tu sens se mouvoirbouger sous tes pieds frémissants!
Le second jour a fui. Que fait Colomb? il dort,
La fatigue l’accableépuise, écrase: il s'endort, et dans l’ombre on conspireles marins préparent la révolte en cachette.
« Périramourra-t-il? Aux voix : -la mort! -la mort! -la mort!
« Qu’il triomphe demain, ou, parjure, il expiremeurt.»
Les ingrats! quoi! demain il aura pour tombeau
Les mers où son audacecourage ouvre un chemin nouveau.
Et peut-être demain leurs flotsvagues impitoyablessans pitié,
Le poussant vers ces bordsle rivage, la terre que cherchait son regard,
Les lui feront toucher, en roulant sur les sables
L’aventurier Colomb, grand homme un jour plus tard!
Il rêve : comme un voile étendu sur les mers,
L’horizon qui les borne à ses yeux se déchire,
Et ce monde nouveau qui manque à l’univers,
De ses regards ardentsbrûlants, excités il l’embrassele voit, il l’admire.
Qu’il est beau, qu’il est frais ce monde vierge encor!
L’or brille sur ses fruits, ses eaux roulent de l’or.
Déjà, plein d’une ivresse inconnue et profonde,
Tu t’écriais, Colomb : «Cette terre est mon bienà moi!…»
Les Indes /Amerigo Vespucci: Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un Nouveau Monde qui n'est pas les Indes. Sa découverte est reconnue par les cartographes du Gymnase vosgien, qui publient en 1507 Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois.
Mais une voix s’élève, elle a nommé ce monde,
O douleur! et d’un nom qui n’était pas le tien!
Regarde : les vois-tu, la foudremétaphore pour désigner les armes à feu dans les mains,
conquête sanglante
Vois-tu ces Espagnols altérés de carnagerendus fous, assoiffés de meurtres
Effacersupprimer, tuer, commettre un génocide, en courant, du nombre des humains
Le peuple désarméles Indiens qui couvre ce rivagehabite cette terre, ce pays?
Vois les palais en feu, les temples s’écroulant,
Mort du cacique Guatimozin (Cuauhtémoc dernier Roi Aztèque du Mexique), brûlé sur un lit de braises par Cortès en 1521 pour trouver où était caché son or: "Si tu es las de souffrir, dis où tu as caché tes trésors". Pendu en 1525.
Le cacique étendu sur ce brasier brûlant;
Vois le saint crucifixla croix chrétienne, dont un prêtre inflexibledur, sans pitié, inhumain
Menace les vaincus au sortir du combat,
Ajouter explications sur Vicente de Valverde (1498-1541) qui accompagna Pizaro, missionnaire, évêque espagnol et inquisiteur, célèbre pour ses maltraitances envers les Indiens qu'il faisait travailler pour l'église.
S’élever dans ses mains plus sanglant, plus terrible
Que le glaivel'épée espagnol dans les mains du soldat.
Peinture murale de David Alfaro Siquerios "Tormento de Cuauhtémoc" ("Torture de Cuauhtémoc") (1951), exposition permanente au Palais des Beaux-Arts. Le tableau représente Cuauhtémoc et Tetlepanquetzaltzin. Ce dernier pleure et implore la pitié de Cortès.
Par Jaontiveros — Travail personnel, GFDL, Lien
La terre s’est émuea pitié; elle s’ouvre; descends!
mineurs réduits en esclavage dans les mines d'or
Des peuples engloutis dans ses gouffres respirent,
Captifsprisonniers, esclaves privés du jour, dont les bras languissants
Tombent lassés sur l’or des rochers qu’ils déchirent;
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Gravure de Théodor de Bry, 1594
Cadavres animés, poussant des cris confus
Vers ce divin soleil qu’ils ne reverront plus,
S’agitant, se heurtant dans ces vapeurs impures,
Pour fuir par le travail le fouet qui les poursuit,
Et qu’une longue mort traîne dans les tortures
De cette nuit d’horreurle dur travail dans les mines, l'esclavage à l’éternelle nuitla mort.
Cet or, fruit douloureux de leur captivitéesclavage,
Par le crime obtenu pour enfanter le crime,
Va servir d’un tyranmaître (roi) injuste et cruel qui prend tous les pouvoirs la sombre cruauté,
Et peser sur le joug des sujets qu’il opprime.
Pour corrompreacheter malhonnêtement un ministre, enrichir un flatteur,
Inquisition
Payer l’injuste arrêtdécision de justice, châtiment, condamnation d’un noir inquisiteur,
Par cent chemins honteux du trésor d’un seul homme
Il s’échappe, et, passant de bourreaux en bourreaux,
commerce des Indulgences au XV° siècle
Va s’engloutir enfin dans le trésor de Romedu Pape,
Qui leur vend ses pardonsIndulgences au bord de leurs tombeauxjuste avant leur mort.
[...]
Colomb se ranimait à cette noble voix.
Terre! s’écria-t-on, terre! terre!… il s’éveille;
Il court : oui, la voilà, c’est elle, tu la vois.
La terre. … ô doux spectacle! ô transports! ô merveille!
O généreux sanglots qu’il ne peut retenir!
Que dira FerdinandRoi d'Espagne qui a financé (= payé) le voyage de Christophe Colomb, l’Europe, l’avenir?
Il la donne à son roi, cette terre féconderiche;
Son roi va le payer des maux qu’il a souffertsde ses souffrances;
Des trésors, des honneurs en échange d’un monde,
Un trône, ah! c’était peu!… que reçut-il? des fersla prison.