Harpagon, l'avare, cache son argent dans une cassette enterrée au fond de son jardin.
Il a découvert que quelqu'un a volé sa cassette : il soupçonne Valère.
Louis de Funès dans le rôle de l'avare
Levent Beskardès dans le rôle d'Harpagon
Simon Attai dans le rôle de Valère
dans une mise en scène d'Alfredo Corrado, IVT
Valère, Harpagon, le Commissaire, Son Clerc, Maître Jacques
Harpagon:
Approche : viens confesser avouer l'action la plus noire, l'attentat l'agression, le crime le plus horrible qui jamais ait été commis.
Valère:
Que voulez−vous, Monsieur ?
Harpagon:
Comment, traître, tu ne rougis pas tu n'as pas honte? de ton crime ?
Valère:
De quel crime voulez−vous donc parler ?
Harpagon:
De quel crime je veux parler, infâme ignoble, traître, méchant ! comme si tu ne savais pas ce que je veux dire. C'est en vain inutilement que tu prétendrais essaierais de le déguiser cacher : l'affaire est découverte, et l'on vient de m'apprendre tout. Comment abuser profiter (pour tromper) ainsi de ma bonté gentillesse, et s'introduire exprès chez moi pour me trahir ? pour me jouer un tour de cette nature me tromper comme cela, me trahir ainsi ?
Valère:
Monsieur, puisqu'on vous a découvert raconté, révélé tout, je ne veux point chercher de détours et vous nier la chose.
Maître Jacques:
Oh ! oh ! aurais−je deviné sans y penser ?
Valère:
C'était mon dessein projet de vous en parler, et je voulais attendre pour cela des conjonctures un moment, une situation favorables ; mais puisqu'il est ainsi, je vous conjure supplie de ne vous point fâcher, et de vouloir bien entendre mes raisonsécouter mes explications.
Harpagon:
Et quelles belles raisons peux−tu me donner, voleur infâme ?
Valère:
Ah ! Monsieur, je n'ai pas mérité ces noms. Il est vrai que j'ai commis une offense j'ai tort, j'ai fait quelque chose de mal envers vous ; mais, après tout, ma faute mon erreur, ma bêtise est pardonnable.
Harpagon:
Comment, pardonnable ? Un guet−apens piège ? un assassinat de la sorte comme celui-là ?
Valère:
De grâce par pitié, s'il vous plait, ne vous mettez point en colère. Quand vous m'aurez ouï écouté , vous verrez que le mal n'est pas si grand que vous le faites.
Harpagon:
Le mal n'est pas si grand que je le fais ! Quoi ? mon sang, mes entrailles, pendard voyou ?
Valère:
Votre sang, Monsieur, n'est pas tombé dans de mauvaises mains. Je suis d'une condition à ne lui point faire de tort je suis d'un niveau social qui n'est pas honteux, je ne lui ferai pas de mal, et il n'y a rien en tout ceci que je ne puisse bien réparer.
Harpagon:
C'est bien mon intention mon désir, ma volonté , et que tu me restitues rendes ce que tu m'as ravi tu m'as pris, tu m'as volé.
Valère:
Votre honneur, Monsieur, sera pleinement satisfait.
Harpagon:
Il n'est pas question d'honneur là dedans. Mais, dis−moi, qui t'a porté qui t'a poussé à cette action ?
Valère:
Hélas ! me le demandez−vous ?
Harpagon:
Oui, vraiment, je te le demande.
Valère:
Un dieu qui porte les excuses de tout ce qu'il fait faire : l'Amour.
Harpagon:
L'Amour ?
Valère:
Oui.
Harpagon:
Bel amour, bel amour, ma foi ! l'amour de mes louis Louis= pièce d'or d'or.
Valère:
Non, Monsieur, ce ne sont point vos richesses qui m'ont tenté attiré ; ce n'est pas cela qui m'a ébloui m'a émerveillé, et je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens richesses , pourvu que vous me laissiez celui que j'ai.
Harpagon:
Non ferai, de par tous les diables ! je ne te le laisserai pas. Mais voyez quelle insolence de vouloir retenir garder le vol qu'il m'a fait !
Valère:
Appelez−vous cela un vol ?
Harpagon:
Si je l'appelle un vol ? Un trésor comme celui−là !
Valère:
C'est un trésor, il est vrai, et le plus précieux que vous ayez sans doute ; mais ce ne sera pas le perdre que de me le laisser. Je vous le demande à genoux, ce trésor plein de charmes ; et pour bien faire, il faut que vous me l'accordiez vous me le donniez.
Harpagon:
Je n'en ferai rien. Qu'est−ce à dire cela ?
Valère:
Nous nous sommes promis une foi mutuelle nous nous sommes engagés tous les deux, et avons fait serment promesse de ne nous point abandonner.
Harpagon:
Le serment est admirable, et la promesse plaisante amusante !
Valère:
Oui, nous nous sommes engagés d'être l'un à l'autre à jamais.
Harpagon:
Je vous empêcherai bien, je vous assure.
Valère:
Rien que la mort ne nous peut séparer.
Harpagon:
C'est être bien endiablé passionné, obsédé, attaché après mon argent.
Valère:
Je vous ai déjà dit, Monsieur, que ce n'était point l'intérêt l'intérêt pour la richesse ou l'argent qui m'avait poussé à faire ce que j'ai fait. Mon coeur n'a point agi par les ressorts que vous pensez raisons que vous croyez, et un motif une raison plus noble m'a inspiré cette résolution m'a donné l'idée de cette décision.
Harpagon:
Vous verrez que c'est par charité chrétienne qu'il veut avoir mon bien prendre mes richesses ; mais j'y donnerai bon ordre je vais remettre de l'ordre dans tout ça, je vais contrôler tout ça ; et la justice, pendard effronté voyou insolent , me va faire raison de toutme rendre justice, vous condamner .
Valère:
Vous en userez ferez comme vous voudrez, et me voilà prêt à souffrir toutes les violences qu'il vous plaira ; mais je vous prie de croire, au moins, que, s'il y a du mal, ce n'est que moi qu'il en faut accuser, et que votre fille en tout ceci n'est aucunement coupable.
Harpagon:
Je le crois bien, vraiment ; il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ait participé à ce crime. Mais je veux ravoir retrouver, récupérer mon affaire, et que tu me confesses m'avoues en quel endroit tu me l'as enlevée.
Valère:
Moi ? je ne l'ai point enlevée, et elle est encore chez vous.
Harpagon: :
O ma chère cassette petit coffre où est caché l'argent d'Harpagon! Elle n'est point sortie de ma maison ?
Valère:
Non, Monsieur.
Harpagon:
Hé ! dis−moi donc un peu : tu n'y as point touché ?
Valère:
Moi, y toucher ? Ah ! vous lui faites tort, aussi bien qu'à moi ; et c'est d'une ardeur un sentiment toute pure et respectueuse que j'ai brûlé j'ai brûlé d'amour pour elle.
Harpagon:
Brûlé pour ma cassette !
Valère:
J'aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante honteuse, insultante : elle est trop sage et trop honnête pour cela.
Harpagon:
Ma cassette trop honnête !
Valère:
Tous mes desirs se sont bornés à jouir de sa vue se sont limités à prendre plaisir à la regarder ; et rien de criminel n'a profané a sali, a souillé la passion que ses beaux yeux m'ont inspirée ont provoqué chez moi .
Harpagon:
Les beaux yeux de ma cassette ! Il parle d'elle comme un amant d'une maîtresse.
Valère:
Dame Claude, Monsieur, sait la vérité de cette aventure, et elle vous peut rendre témoignage témoigner...
Harpagon:
Quoi ? ma servante est complice de l'affaire ?
Valère:
Oui, Monsieur, elle a été témoin de notre engagement ; et c'est après avoir connu l'honnêteté de ma flamme mon amour, qu'elle m'a aidé à persuader votre fille de me donner sa foi avouer son amour et s'engager (pour un mariage) , et recevoir la mienne.
Harpagon:
Eh ? Est−ce que la peur de la justice le fait extravaguer délirer ? Que nous brouilles−tu racontes-tu ici de ma fille ?
Valère
Je dis, Monsieur, que j'ai eu toutes les peines du monde à faire consentir accepter sa pudeur à ce que voulait mon amour.
Harpagon
La pudeur de qui ?
Valère
De votre fille ; et c'est seulement depuis hier qu'elle a pu se résoudre accepter à nous signer mutuellement une promesse de mariage.
Harpagon
Ma fille t'a signé une promesse de mariage !
Valère
Oui, Monsieur, comme de ma part je lui en ai signé une.
Harpagon
O Ciel ! autre disgrâce !
Maître Jacques
Ecrivez, Monsieur, écrivez.
Harpagon
Rengrégement redoubmement (= fois deux) de mal ! surcroît augmentation de désespoir ! Allons, Monsieur, faites le dû de votre charge, et dressez−lui−moi son procès, comme larron voleur , et comme suborneur.
Valère
Ce sont des noms qui ne me sont point dus ; et quand on saura qui je suis...