Adaptation théâtrale du fabliau "Le vilain mire"

LE PAYSAN DEVENU MÉDECIN

Adaptation théâtrale du fabliau Le paysan devenu médecin (ou : Le vilain mire).
Pièce écrite et jouée par les élèves de 6°-5°de la classe bilingue pendant l’année 2004-2005 : David T., Jonathan G., Laure A., Maëlys S., Antony G.
Adaptation filmique faite par les élèves de 6ème en 2012 : Ilona T., Léna C., Athina P., Félix F. et Mohamed B.
Voir l'adaptation filmique en LSF.

SCÈNE 1 : le paysan, le voisin, l’ami 1

(Devant la maison du paysan à la campagne. Deux hommes s’assoient sur un banc et discutent du paysan. Le paysan sort de chez lui et traverse la scène.)

VOISIN (en se levant vers le paysan) : Bonjour, alors, tu ne veux toujours pas avoir une épouse ?

PAYSAN : Euh.....non.

AMI (il lève ses yeux au ciel) : Mais, tu as un bon travail, et tu es très riche ! Il te manque une femme. Regarde, nous sommes tous mariés. Et toi ? Tu veux finir tout seul et vieil homme?

PAYSAN (réfléchissant): Vous avez raison. J’aimerais bien avoir une épouse mais ….

VOISIN : Mais quoi, quel est ton problème ? Dis-nous car nous sommes tes amis.

PAYSAN : J’ai du travail toute la journée et je n’ai pas le temps de trouver une épouse. Vous pouvez m’aider ?

AMI : Mais oui, bien sûr. Nous allons t’aider ! Nous allons trouver une belle femme pour toi. On choisira la meilleure femme du pays!

PAYSAN (avec un grand sourire, il serre la main à ses amis) Merci beaucoup. J’espère que vous allez trouver une belle femme. Moi, je vais travailler. Ma charrue et mes boeufs m’attendent. Au revoir, bonne chance.

AMI et VOISIN : Bonne journée, compte sur nous!

(Le paysan part et les autres se regardent et s’assoient sur le banc)

SCÈNE 2 : le chevalier, sa fille, l’ami 1, l’ami 2, le voisin

(Un chevalier et sa fille entrent sur la scène. La fille est dans la salle, derrière son père, et elle marche doucement pour cueillir des fleurs. En voyant cette fille très belle, les amis et les voisins se donnent un coup de coude pour regarder cette demoiselle extraordinaire.)

CHEVALIER (en regardant sa fille d’un air triste) : Oh mon dieu ! Pourquoi je ne trouve jamais un époux pour mon adorable fille qui est pleine de sagesse, fort courtoise, et très charmante? (Les voisins et les amis l’ont vu signer. L’un d’eux donne un coup de coude aux autres. Ensuite ceux-ci poussent l’ami1 vers le chevalier.)

AMI 1 : Bonjour Sire, nous sommes au courant pour votre fille. Et nous pensons pouvoir vous aider.

CHEVALIER (d’un air étonné) : Bonjour, je suis un chevalier, mais qui êtes-vous ?

AMI 1 : Ah pardon, nous avons oublié de nous présenter. Nous sommes des paysans.

CHEVALIER : Et quelle idée avez-vous pour ma fille ?

VOISIN : Nous connaissons un homme très riche, honnête et travailleur. Et il possède beaucoup d’argent et d’or ! Nous pensons qu’il pourrait épouser votre fille.

CHEVALIER : Votre proposition est intéressante mais il y a une chose que je veux savoir. Pourquoi ne vient-il pas lui-même?

AMI 2 : Il s’agit d’un de nos amis, un paysan très riche qui cherche une femme mais il ne peut le faire lui-même car il travaille toute la journée. Et nous l’aidons…

AMI 1 : Alors vous acceptez ?

CHEVALIER : D’accord, j’accepte. Allez prévenir ce paysan et je vais déclarer à ma fille cette bonne nouvelle.

(Les paysans partent et le chevalier fait signe à sa fille de venir.)

SCÈNE 3 : le chevalier, sa fille

CHEVALIER : Ma gracieuse fille, j’ai une bonne nouvelle pour toi. Je t’ai trouvé un époux.

FILLE : Qui est-ce ?

CHEVALIER : C’est un paysan très riche qui veut se marier avec toi.

FILLE (d’un air triste) : Un paysan?

CHEVALIER : Oui, un paysan qui possède plein d’argent. Il est très riche et il pourra t’offrir de magnifiques vêtements, de beaux bijoux,... Tu seras heureuse et gâtée.

FILLE : Oui... Si vous le souhaitez père, je l’épouserai.

CHEVALIER : Tu es triste ?

FILLE (elle sourit jaunâtre) : Non, non. Ça va.

(Ils quittent la scène. Et la lumière s’éteint.)

SCÈNE 4 : le paysan, l’ami (1 ou 2)

(Le paysan et l’ami rentrent sur la scène ensemble en signant)

AMI : Alors, tu es marié, maintenant?

PAYSAN : Oui. (En montrant son alliance) Tu as vu ma bague?

AMI (avec un grand sourire): Comment allez-vous ensemble?

PAYSAN : Bien. Je l’aime tellement. Nous sommes heureux. Elle est belle et brillante. Mais j’ai beaucoup de soucis à propos d’elle.

AMI : Pourquoi?

PAYSAN : Parce que des jeunes hommes viennent la voir. Et le prêtre fait la cour à ma femme. Il est possible que le prêtre soit son amant.

AMI : Que vas-tu faire ?

PAYSAN : Je ne sais pas....

AMI : Je peux t’aider?

PAYSAN : C’est gentil mais tu ne peux pas.

AMI (d’un air désappointé): Pourquoi ?

PAYSAN : Je préfère faire moi-même quelque chose pour arrêter les jeunes hommes qui viendront la voir. Je vais m’arranger. Ne t’inquiète pas.

(L’ami sort de scène).

SCÈNE 5 : le paysan

(Le paysan signe en marchant devant chez lui)

PAYSAN : Que vais-je faire ? Ah, j’ai une idée ! Je cacherai ma femme dans l’armoire... Non, ce n’est pas bon... Ah j’ai une superbe idée, je la battrai tous les matins puis elle pleurera toute la journée. Alors les jeunes hommes et le prêtre ne viendront pas car ils verront qu’elle pleure sans cesse. Tous les soirs, je lui demanderai pardon et je la rendrai joyeuse. (Il rentre chez lui, la scène s’éteint)

SCÈNE 6 : le paysan, son épouse

( La scène s’allume. Il y a une grande fenêtre. Les mariés baillent et s’étirent.)

PAYSAN : Vous pouvez me servir le repas comme hier, s’il vous plaît.

L’ÉPOUSE : Voici votre repas comme vous me l’avez demandé. (elle donne au paysan le repas)

PAYSAN (Il mange puis donne un soufflet à son épouse) : Vous allez pleurer. (Il la frappe avec le poing sur le visage et tire ses cheveux. Ensuite il lui tire les bras avec violence.)

L’ÉPOUSE (Elle pleure, gémit, se protège le visage avec ses bras et signe en se protégeant.) Pourquoi faites-vous ça?

PAYSAN: Pour que vous pleuriez toute la journée. (il part au travail.)

SCÈNE 7 : l’épouse, le jeune homme

(La femme pleure à la fenêtre: elle est décoiffée et a du maquillage pour montrer les coups.)

JEUNE HOMME : Bonjour mademoiselle.

L’ÉPOUSE (en cachant son visage) ...Bonjour...(elle pleure et n’arrive pas à signer)

JEUNE HOMME : Pourquoi pleurez-vous? Vous avez du chagrin ? (il s’approche) Je peux vous consoler ?

L’ÉPOUSE : Euh..... C’est rien.....

JEUNE HOMME : Dites-moi la vérité, s’il vous plaît! (il lui caresse les cheveux) S’il vous plaît, allons nous promener.

L’ÉPOUSE (elle lève la tête et montre son visage) : Laissez-moi tranquille !

JEUNE HOMME (d’un air gêné et de dégoût) Au revoir (il sort rapidement et croise le paysan qui revient sur scène).

SCÈNE 8 : le paysan, son épouse

(Pendant cette scène, la femme doit montrer sa peur: elle s’enfuit au début en se protégeant la tête)

PAYSAN ( il tombe à ses pieds ) : Oh…. Pardonnez-moi…..

L’ÉPOUSE : Je ne vous pardonnerai pas. Pourquoi avez-vous fait cela ?

PAYSAN : J’ai fait… ça car...euh…. le diable … m’a poussé à cette violence …Pardonnez-moi … oui c’est vrai... Je vous aime...(Il lui caresse les cheveux) Je vous aime... (il se lève).

L’ÉPOUSE : Je ne vous crois pas.

PAYSAN : Je vous en supplie.

L’ÉPOUSE : Regardez ce que vous m’avez fait. (Elle montre son visage battu.)

PAYSAN : C’est le diable qui m’a poussé. Il est jaloux et veut nous pousser à nous séparer.

L’ÉPOUSE : Que dîtes-vous ?

PAYSAN : Oui, j’ai été possédé. Pardonnez-moi.(L’épouse sourit) Pouvez-vous préparer un de vos délicieux repas ?

L’ÉPOUSE : Oui, je vais préparer le repas.

PAYSAN : Je vous jure de ne plus vous battre. Je suis vraiment furieux de vous avoir battue.

( Elle lui pardonne; ils rentrent enlacés)

SCÈNE 9 : le paysan, son épouse, une voisine

(Le matin, le rustre bat de nouveau sa femme et part travailler)

L’ÉPOUSE (En pleurant) Que fais-je?

(Une voisine ouvre sa fenêtre, la voit et s’approche d’elle.)

LA VOISINE : Bonjour, madame. Que passe-t-il ? Pourquoi pleurez-vous ? Êtes-vous malheureuse ? Venez discuter dehors (elles vont s’asseoir sur le banc).

L’ÉPOUSE : Bonjour…… Mon mari ….

LA VOISINE : Votre mari est parti, vous êtes attristée ?

L’ÉPOUSE : Non…. Mon …mari… m’a…. battue…

LA VOISINE : QUOI ? Votre mari vous a battue ! Pourquoi vous êtes-vous mariée avec cet homme ?

L’ÉPOUSE: Car …. mon père m’a sacrifiée en me donnant à ce paysan.

LA VOISINE : Bien… votre mari a-t-il déjà été battu ?

L’ÉPOUSE : Je ne sais pas….. Je crois qu’il n’a jamais été battu.

LA VOISINE : D’accord. J’ai une bonne idée.

L’ÉPOUSE : Quelle idée ?

LA VOISINE : Pour vous venger de votre mari. Il faut trouver un moyen de lui donner une leçon et qu’il devienne lui aussi une victime. Bonne chance, au revoir.

L’ÉPOUSE : Au revoir.

(La voisine sort, la femme reste.)

SCÈNE 10 : l’épouse, deux chevaliers

(Deux chevaliers arrivent en marchant comme des militaires)

CHEVALIER 1 : Bonjour, demoiselle, nous venons de la part du roi.

CHEVALIER 2 : Pouvez-vous nous donner quelque chose à manger? Nous mourons de faim.

L’ÉPOUSE : Oui, je comprends. Je vais vous offrir quelque chose.

CHEVALIER 1 : Nous vous remercions.

L’ÉPOUSE : Avec plaisir. D’où venez-vous et où allez-vous ?

CHEVALIER 2 : Nous sommes des messagers du roi.

CHEVALIER 1 : Il nous envoie pour chercher un bon médecin.

L’ÉPOUSE : Pour qui et pour quoi faire ?

CHEVALIER 2 : La demoiselle Aude, la fille du roi, est malade, elle a besoin de grands soins.

L’ÉPOUSE : De quoi souffre-t-elle ?

CHEVALIER 1 : Elle est malade, elle ne boit plus et ne mange plus car une arête de poisson lui est restée fichée dans le gosier. S’il perd sa fille, le roi ne sera plus jamais heureux.

L’ÉPOUSE : Il y a un excellent médecin ici !

CHEVALIER 2 : Vraiment ? Où se trouve-t-il ?

L’ÉPOUSE : C’est facile. Aux champs !

CHEVALIER 1 : Est-ce une plaisanterie ?

L’ÉPOUSE : Mais ce n’est pas une plaisanterie ! Je n’ai nullement envie de plaisanter. Il se trouve aux champs.

CHEVALIER 2 : Merci, demoiselle. (Ils partent.)

L’ÉPOUSE : Attendez ! Il a un tel caractère qu’il ne ferait rien pour personne si on ne lui administrait auparavant une sévère correction.

CHEVALIER 1 : On y parera : on ne manquera pas de le battre. Au revoir, demoiselle.

L’ÉPOUSE : Quand vous sortirez de cette rue, suivez ce ruisseau et après ce chemin désert, la première charrue que vous rencontrerez, c’est la nôtre. Allez-y. Au revoir.

(Ils partent. Les deux chevaliers descendent de scène.)

SCÈNE 11 : le paysan, les 2 chevaliers

(Le paysan monte sur scène et mime son travail. Les chevaliers l’aperçoivent et remontent sur scène.)

CHEVALIER 1 : Bonjour Docteur. Le roi a besoin de vous.

CHEVALIER 2 : Sa majesté a besoin d’un médecin pour sa fille qui est très malade.

LE PAYSAN : Désolé de vous décevoir , je ne suis pas médecin; je ne suis qu’un simple paysan. (Il se remet au travail sans faire attention aux deux chevaliers)

CHEVALIER 1 : Il est fou. Sa femme a raison. Il faut le battre pour qu’il nous suive.

CHEVALIER 2 : Ça ne me dérange pas de le frapper. Et plus j’adore donner une raclée à quelqu’un.

LE PAYSAN : De quoi vous parlez ? (Il reçoit une raclée et il est ficelé, sauf les mains. Il se met à signer, affolé.) Je dirai au roi que je ne suis pas médecin !

(Ils le sortent de scène)

SCÈNE 12 : le roi, le paysan, les chevaliers

(Le roi —robe longue, une couronne d’or sur la tête— apparaît: il guette les chevaliers. Ceux-ci arrivent et conduisent le paysan devant lui.)

LE ROI: Avez-vous trouvé un médecin ?

CHEVALIER 1 (Pendant qu’ils parlent au roi, les chevaliers détachent le paysan) Sa Majesté, voici le meilleur médecin du pays. Sa femme nous a dit qu’il connaît les remèdes mieux que le célèbre médecin grec.

LE PAYSAN (A part, il s’adresse au public) C’est ma femme qui est responsable de ma mésaventure!...

LE ROI (au paysan) Silence, (aux chevaliers) continuez.

CHEVALIER 2 : Il refuse toujours de faire ce qu’on lui demande. Il faudra donc le battre pour qu’il soigne quelqu’un.

LE ROI : Quel drôle de médecin ! Soignez ma fille!

LE PAYSAN : J’ai dit aux chevaliers que je ne suis PAS… UN… MÉDECIN !!

LE ROI : Je ne comprends pas pourquoi il veut souffrir. Tant pis, Battez-le-moi.

LE PAYSAN ( Il reçoit une raclée) D’accord, je vais la soigner.

LE ROI : Enfin vous êtes raisonnable quand même.

SCÈNE 13: le roi, le paysan, la princesse, 2 valets, les chevaliers

Décor et accessoires:
- deux chaises face à face
- du maquillage dans la poche du paysan: noir, rouge, noir

Princesse: bien habillée; son visage est blanc. Assise de profil à gauche de la scène.
Le paysan: pantoufle, chemise marron, manches retroussées

(Le roi fait un signe à la princesse. Elle arrive sur scène, l’air faible et souffrante. Des valets portent un siège.)

LE PAYSAN : (À la princesse) Asseyez-vous, je vous prie. (Au roi et aux chevaliers) Laissez-moi seul avec la malade.
(Le roi laisse le paysan seul avec sa fille.)

LE PAYSAN : Comment faire....(Il tourne en rond.) De quoi êtes-vous malade?

LA PRINCESSE : Une arrête de poison est coincée dans ma gorge.

PAYSAN : Je vois. C’est très compliqué à soigner. Ah, une idée arrive dans ma tête. Qu’est ce qui vous fait rire ?

LA PRINCESSE : Je ne sais pas…. Ah oui ! Quand quelqu’un tombe par maladresse, ça me fait rire.

(Le paysan se met à marcher. La princesse a un air faible et le visage blanc. Ses yeux sont dans le vague. Le paysan se met dos au public à droite de la scène. Il se maquille en noir, blanc, rouge. Petit à petit, la princesse s’intéresse au paysan et prend un air intrigué. Le paysan se retourne vite. La princesse écarquille les yeux. Le paysan avance vers elle en faisant de grandes enjambées et en agitant les bras. Il s’assied à côté de la chaise deux fois et tombe. Elle sourit.)

LE PAYSAN : Je vais parler au roi de votre maladie.
( En partant, il glisse sur un verre qui est par terre, puis tombe vers la chaise. Sa tête heurte la chaise. La princesse rit difficilement puis elle éclate de rire. Le paysan ramasse l’arête sur le sol et la montre au public d’un air victorieux.)

LA PRINCESSE (d’un air en forme) : Je me sens beaucoup mieux! Ce médecin est incroyable! (elle court vers le bord de la scène) Papa! Je suis guérie grâce à ce médecin!

LE PAYSAN (au public) : Pssst, j’ai fait exprès de tomber pour la faire rire. (Le roi arrive, le paysan lui montre l’arête.)

SCÈNE 14 : le roi, la princesse, le paysan, 2 valets

LE ROI (Il serre sa fille dans ses bras) C’est terminé ma chérie. (Il serre la main du paysan.) Félicitations. (au public) Ce médecin est un génie. Maître, vous resterez au château et vous deviendrez mon ami.

LE PAYSAN : Non je veux partir et rentrer chez moi pour prendre le pain, je n’en ai plus. (Le roi claque des doigts et fait signe à ses valets de venir. Les valets bondissent sans hésiter en tenant des bâtons )

LE PAYSAN : Arrêtez de me battre! C’est bon, je reste ici.

(Le roi fait signe aux valets de partir.)

LE ROI: Coiffeur! (au paysan) Asseyez-vous.

SCÈNE 15: le roi, le coiffeur, le paysan, 1 valet

LE ROI (au coiffeur) Rasez-lui la tête. (au valet) Portez-lui des vêtements de médecin. (Ils font ce que dit le Roi. Le roi quitte la scène.)

LE COIFFEUR (il lui coupe les cheveux et signe en même temps) : Vous êtes incroyable. Comment êtes-vous devenu médecin?

LE PAYSAN (réfléchissant) : Euh... c’est dieu qui m’a fait médecin.

LE COIFFEUR: Aïe, faites attention (il a mal coupé les cheveux car le paysan a bougé la tête. Il lui met une perruque et les valets l’habillent bien. Coiffeurs et valets sortent de scène. Le paysan est seul, l’air un peu perdu.)

SCÈNE 16: le roi, le paysan, plusieurs malades, les valets

(Le roi revient sur scène avec un grand sourire.)

LE ROI : Docteur! Tous les malades du pays sont venus au château. Ils veulent être soignés. Grâce à votre science, vous allez guérir ces quatre-vingts personnes.

LE PAYSAN (Il ouvre de grands yeux, complètement affolé) : Il est impossible de guérir quatre-vingts personnes!

LE ROI : Allez! Hop! (il claque les doigts. Deux malades se lèvent dans le public et montent sur scène en boitant. Ils doivent être très maquillés et avoir l’air extrêmement souffrant) (En montrant le public) Vos patients vous attendent, vous allez tous les guérir.

LE PAYSAN (il regarde le public d’un air dépassé) : Je ne peux pas. Vous croyez que je suis capable de cela? Vous croyez que je suis le médecin de tout le pays? Je suis juste venu pour guérir votre fille. (d’un air excédé) Pourquoi vous ne me dîtes rien?

LE ROI: Je suis désolé mon ami, il le faut. (le roi claque des doigts) Battez-le moi (les valets prennent un bâton de fer).

LE PAYSAN (il ferme les yeux, se met à genoux et lève les bras pour se défendre. Il signe d’un air apeuré.) Ça va! C’est d’accord. Je vais tous les guérir.

LE ROI (Le roi fait signe aux valets de sortir.) Bien. (d’un air satisfait) Vous allez les guérir un par un et vite.

LE PAYSAN : Attendez un peu. J’ai une idée. Mettez du bois dans la cheminée et allumez le feu. Puis sortez tous.

LE ROI : Comme vous voulez. (Il se tourne vers les valets) Faîtes ce qu’il demande. (Les valets portent le bois et allument un grand feu. Pendant ce temps, le paysan s’adresse au public. Tous les personnages sortent pendant que le paysan parle. Le roi s’installe au bord de la scène, sur le côté. Il fait face au public et tourne le dos à la scène.)

LE PAYSAN : (au public) Je vais choisir le plus faible et le plus malade d’entre vous et le mettre dans le feu de cette cheminée. Quand il aura bien brûlé et qu’il sera réduit en cendres, je mettrai ses cendres dans un verre d’eau et je vous le donnerai à boire. Ce mélange vous fera guérir. (Un temps. En observant attentivement le public) Voyons qui est le plus faible et le plus gravement malade...(Il réfléchit en marchant le long de la scène.). C’est toi le plus faible. Va dans le feu.

LE MALADE : (Il se lève du public, prêt à s’enfuir) Moi! Non, je ne suis pas malade! Je me sens bien mieux!

LE PAYSAN: (d’un air furieux) Si tu n’es pas malade, sors !

LE ROI ( Au malade qui s’enfuit) : Enfin ! Vous êtes guéri ?

MALADE : Oui. Votre médecin est extraordinaire. Je n’ai jamais vu quelqu’un capable de guérir un malade aussi vite. (il rit jaune).

LE ROI : (air étonné)

LE PAYSAN (regardant d’un air menaçant le public. Il pointe un malade du doigt) : C’est toi qui es le plus malade. Tu es paralysé de la jambe. (Il l’attrape et fait mine de le jeter dans le feu). Hop, au feu !

LE 2° MALADE : (tout blanc et terrorisé) Non! Pas le feu! Pardon! Je me suis trompé! Je me sens très bien. Regardez! (il traîne la jambe et marche cahin-caha).

LE PAYSAN : (d’un air de deviner le mensonge) Tu n’es pas paralysé! Qu’est-ce que tu fais ici ? Pourquoi es-tu venu ici?

LE 2° MALADE : Euh …

LE PAYSAN : (le paysan lui coupe la parole). Ça suffit. (il devient rouge). Je sais ce que tu vas dire ! C’est inutile ! Sors! Est-ce que c’est clair ? (Le malade sort le plus vite possible en traînant sa jambe paralysée. Puis tous les malades s’enfuient.)

LE ROI : (il regarde les malades partir d’un air très étonné.)

SCÈNE 17 : le roi, le paysan

LE ROI : (Il se tourne vers le paysan). Je vois que vous êtes très compétent. Vous êtes plus intelligent que tous les médecins du monde! Vous êtes incroyable. Comment les avez-vous soignés aussi rapidement ?

LE PAYSAN : C’est une bonne question ! C’est grâce au feu divin !

LE ROI : Maintenant je peux vous laisser. Vous pouvez rentrer chez vous. Mais quand j’aurai besoin de vous , il faudra venir immédiatement et sans que je vous fasse battre. Je vais vous offrir de l’or et des chevaux richement harnachés pour vous remercier.

LE PAYSAN (avec un grand sourire) : Merci infiniment votre Majesté.

LE ROI : Et n’oubliez pas de ne plus vous faire battre. La violence ne sert à rien.

LE PAYSAN : Merci mon roi. Je me souviendrai de la leçon.

(Ils s’embrassent. Le paysan quitte la scène en faisant un signe d’adieu de la main. Puis le roi sort également de scène. La lumière s’éteint.)

SCÈNE 18 : le paysan, son épouse

(Quand la lumière s’allume, on voit l’épouse du paysan assise sur un banc devant chez elle. Le paysan arrive et voit sa femme.)

LE PAYSAN : Bonjour, ma jolie.

L’ÉPOUSE : Comment vas-tu ? Où avais-tu disparu ?

LE PAYSAN : Ah! C’est une longue histoire. Je suis devenu le médecin du roi!

L’ÉPOUSE : (Elle rit en cachette) Vraiment ?

LE PAYSAN : (Il s’assied à côté d’elle) Oui. (Un temps) Pourquoi as-tu dis aux chevaliers que j’étais un bon médecin ?

L’ÉPOUSE : Pour te donner une leçon et que tu sois toi aussi victime de violences injustes!

LE PAYSAN : (D’un air honteux) Euh... D’accord. Pardon, je suis coupable. J’ai fait tout ça pour rien, je suis bête. J’ai compris qu’il ne faut pas te battre.

L’ÉPOUSE : J’ai fait cela pour que tu comprennes. (Pendant la fin du dialogue, ils se sourient de plus en plus.)

LE PAYSAN : Merci ma chérie.

L’ÉPOUSE : Alors, tu me promets de ne plus me battre ?

LE PAYSAN : Je te le jure! Je ne te battrai plus jamais !

LE PAYSAN ( il rit puis de plus en plus fort) Ah, ah, ah je t’aime vraiment beaucoup! Je t’aime. Tu es drôle et intelligente; tu m’as presque sauvé la vie. (L’épouse rit aussi. Elle fait un clin d’oeil au public. La lumière s’éteint.)

FIN