La Brèche de Roland: trouée provoquée par Roland frappant la montagne pour briser Durandal.
Le neveu de Charlemagne, Roland, et son ami Olivier sont à la tête de l’arrière-garde pendant la traversée des Pyrénées entre l’Espagne et la France. C’est alors que les SarrasinsArabes qui avaient conquis l'Espagne attaquent.
Le comte Roland chevauche par le champ. Il tient Durandalépée de Roland, qui bien tranchecoupe et bien taillecoupe, blesse. Des SarrasinsArabes il fait grand carnagemassacre, grand nombre de morts. Si vous eussiez vu comme il jette le mort sur le mort, et le sang clair s'étaler par flaques ! Il en a son haubert ensanglantécouvert de sang, et ses deux bras et son bon cheval, de l'encolurecou du cheval jusqu'aux épaules. Et Olivier n'est pas en restese bat aussi , ni les douze pairsgrands nobles proches de Charlemagne , ni les Français, qui frappent et redoublentfrappent encore plus fort. Les païensici: "païen" désigne les musulmans meurent, d'autres défaillent
s'évanouir . L'archevêque dit : « Béni soit notre baronnageensemble des hauts nobles ! Montjoie ! » crie-t-il, c'est le cri d'armes de Charles.
Et Olivier chevauche à travers la mêléeles hommes qui se battent. Sa hampe s'est briséecassée, il n'en a plus qu'un tronçonmorceau cassé. Il va frapper un païenici: les musulmans, Malon. Il lui brisecasse son écu
, couvert d'or et de fleurons
, il fait sauter ses deux yeux hors de la tête, et la cervelle
coule jusqu'à ses pieds. Il l'abatfait tomber mort parmi les autres qui gisentsont étendus morts sans nombre. Puis il a tué Turgis et Esturgoz. Mais la hampe
se brisecasse et se fendse coupe en deux jusqu’à ses poings. Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ! En une telle bataille, je n'ai cure d'un bâtonun bâton n'est pas important, ne sert à rien. Il n'y a que le fer qui vailleest utile, et l'acier. Où donc est votre épée, qui a nom Hauteclaire ? La garde en est d'or, le pommeau de cristal
.
- Je n'ai pu la tirersortir mon épée, lui répond Olivier, j'avais tant de besognej'étais trop occupé ! »
Mon seigneur Olivier a tirépris sa bonne épée, celle qu'a tant réclamée son compagnon Roland, et il lui montre, en vrai chevalier, comme il s'en sert. Il frappe un païen, Justin de Val Ferrée. Il lui fendcoupe en deux par le milieu toute la tête et tranchecoupe le corps et la brogne safréebleue, et la bonne selle
, dont les gemmes
sont sertiesentourées d'or, et à son cheval il a fenducoupé en deux l'échine
. Il abat le tout devant lui sur le pré. Roland dit : « Je vous reconnais, frère ! Si l'empereur nous aime, c'est pour de tels coups ! » De toutes parts «Montjoie !» retentit.