La course de Phaéton

D'après Les métamorphoses d'Ovide

Version allégée du mythe


Hélios, dieu du soleil, sur son char

Phaéton est le fils de Clymène et de Hélios, le dieu du Soleil. Il est très fier d’être le fils du dieu du Soleil et il se vante
se vanter = parler avec orgueil
continuellementtoujours.

Un jour, un ami lui dit: “CesseArrête de te vanter! Arrête de croire ta mère!”

Phaéton, vexé et honteux, va raconter la dispute à sa mère:
“Mère, je veux une preuve que je suis le fils du Soleil!
— Je te jure que le Soleil est ton père, dit Clymène. Si tu veux une preuve, va le voir dans son palais et Hélios te dira que tu es son fils.”


A gauche: Phaéton et Epaphus se disputent.
A droite, Clymène montre à Phaéton le char du Soleil.

Phaéton part jusqu’en Orient pour voir son père. Hélios habite un splendide palais: il brille de mille feux. Ses portes sont merveilleusement sculptées et rayonnent d’une lumière aveuglante. Phaéton entre pour voir son père. Hélios est assis sur son trône et est vêtu d’une robe pourprerouge.

Le Soleil aperçoit son fils et s’écrie: “Phaéton, mon fils, pourquoi es-tu venu me voir ?
— Je voudrais savoir si tu es vraiment mon père.
— Bien sûr que je suis ton père! dit Hélios. Et pour preuve, demande-moi ce que tu veux, je jure sur le Styx de te l’accorder.
— Je veux conduire ton char du soleil pendant une journée, répond l’adolescent.

— Ah mon fils! s’écrie Hélios. Ce que tu me demandes est trop périlleuxdangereux! Tu es trop jeune et trop faible pour conduire mon char! Ce que tu me demandes, personne ne peut le faire! Même Zeus, le plus puissant des dieux, ne peut pas tenir une journée sur mon char enflamméavec du feu.
— Père, tu as promis de m’accorder mon voeu, le coupe Phaéton.
— Oui, j’ai promis et je ne peux pas refuser. Mais je te supplie de réfléchir et de renoncer à cette idée. Conduire mon char est très dangereux. Dans le ciel, la route est très raide et mes chevaux grimpent péniblement. A midi, il faut voler très haut et moi-même je tremble, effrayé. A la fin de la journée, la pente est vertigineuseelle descend très fort.
— Je n’aurai pas peur!
— Mais tu n’es pas assez robustefort! Mes chevaux sont fougueuxnerveux et n’aiment pas obéir. Ils sont dangereux: ils crachent du feu par leurs naseauxle nez. Moi-même, je les contrôle difficilement. Je t’en supplie, demande-moi autre chose.
— Non père, je suis fort et courageux, je veux conduire ton char.”

Alors Hélios va chercher son char étincelantbrillant. Phaéton monte sur le char et prend les rênes. Son père lui donne les derniers conseils: “ Tiens fermementtrès fort les rênes. Ne monte pas trop haut sinon la terre sera glacée, ne descends pas trop bas sinon tu brûleras la terre. Sois prudent.”

Phaéton monte joyeusement sur le char. Il est si léger que les chevaux ne le sentent pas. Les animaux s’élancentpartent rapidement dans le ciel, accélèrentgalopent plus vite et quittent la route habituelle.

Phaéton a peur. Du haut du ciel, il aperçoit la terre minusculetrès petite. Il pâlit, ses jambes tremblent. Effrayé, il regarde autour de lui. Terrorisé, il lâche les rênes. Alors les chevaux, libres, vont n’importe où.

Les nuages, brûlés, se transforment en fumée. Le char s’approche de la terre. “Comme je regrette d’avoir voulu conduire ce char! J’aurais dû écouter mon père, se dit Phaéton. Si je l’avais écouté, je ne serais pas dans ce ciel effrayant avec ces chevaux qui ne m’écoutent pas!»

Les sommets des montagnes s’enflammentbrûlent. La terre se dessèche, se crevasse. Les récoltes sèchent, les arbres et les champs prennent feu. Les incendies détruisent des villes entières avec leur population. Les forêts se consumentbrûlent. Les sources se tarissentdeviennent sèches . L’Etna s’embrases'enflamme, brûle. Un brasierfeu immense atteint l’Olympe.

Phaéton voit que l’univers est en feu. Il fait une chaleur insupportable: il respire un air brûlant qui semble sortir d’un four. Il est enveloppé d’une fumée ardentebrûlante; les cendres volent autour de lui. Les fleuves bouillonnent et s’évaporent. Le Nil, épouvantéeffrayé, fuit. La mer se retire, laissant un sol aridesec. D’immenses crevasses se forment sur terre et laissent la lumière pénétrerentrer dans les Enfers. Les poissons fuient au fond des mers devenues tièdes.
La Terre se plaint à Zeus: «Ô maître de l’Olympe, regarde: le monde brûle! Prends pitié de nous!»


"La chute de Phaeton" de Joseph The Elder Heintz, 1596

Alors, pour arrêter le char et sauver la terre, Zeus monte sur le plus haut sommet et lance sa foudre sur Phaéton et son char. Le char est déchiquetédétruit, cassé et Phaéton chutetombe.


"La chute de Phaeton" de Jan Eyck, 1612-1668


Le fleuve Eridan le recueille et les nymphes mettent son corps dans un tombeau et inscrivent sur la pierre:

“Ci-gît Phaéton, qui fut l'aurigele conducteur du char de son père ;
Il ne put le maîtrisercontrôler, mais sa grande téméritécourage, absence de peur devant le danger le perdittua. »


"La chute de Phaeton" de Hans Von Aachen, 1600

Helios, malheureux, se cache et n’éclaire plus la terre. Clymène, la mère de Phaéton est folle de douleurchagrin, souffrance: elle quitte l’Ethiopie et cherche le corps de son fils dans le monde entier. Elle découvre le tombeau de Phaéton et reste sur place avec ses filles, les Héliades, à pleurer jour et nuit.

Après quatre jours de larmes, l’aînée des soeurs de Phaéton veut se coucher par terre: mais ses pieds sont devenus rigidesdurs. Quand sa soeur veut s’approcher d’elle, elle voit que ses pieds se sont transformés en racine. La troisième veut s’arracher les cheveux de désespoirgrand chagrin, immense tristesse mais ses mains ne ramènent que des feuilles. Leurs jambes se muentse transforment, se métamorphosent en troncs, leurs bras se transforment en branches et l’écorce enveloppe peu à peu tout leur corps, ne leur laissant que la bouche pour appeler leur mère.

Clymène les embrasse et essaye de séparer leur corps du tronc: elle brisecasse les jeunes branches et des gouttes de sang coulent de la blessure.

“Mère, je t’en prie, quand tu blesses l’arbre, tu déchires mon corps. Adieu...” crie chaque fille. Et l’écorce couvre leurs lèvres.


Exercices: