Ulysse et le Cyclope Polyphème

C'est Ulysse qui raconte l'histoire ("je"= Ulysse).

Nous arrivâmes près de l'île des Cyclopes. J'ordonnai à mes compagnons de rester sur les autres naviresbateaux et je partis avec douze hommes pour explorer l'île. Je voulais savoir si les habitants étaient accueillants et pouvaient nous offrir de la nourriture. J'emportai avec moi une outre de vin délicieux.

Cette île était couverte de forêts dans lesquelles vivaient des chèvres sauvages. Il n'y avait aucun champ cultivé ni aucun village.

Rapidement, nous arrivâmes à une caverneune grotte : le Cyclope n'était pas chez lui. Il s'occupait de ses gras moutons. Nous entrâmes dans sa grotte et nous découvrîmes de gros fromages sur les étagères, des chevreauxbébés chèvre et de grands vases plein de lait.
Mes compagnons me supplièrent de prendre de la nourriture et de repartir sur les bateaux sans attendre. Mais je refusai . Hélas, quelle erreur !
Nous nous installâmes pour attendre le Cyclope: nous fîmes (verbe: faire) un feu et nous mangeâmes du fromage. Puis nous l'attendîmes.

* * *

Polyphème revint avec ses troupeauxanimaux: il portait du bois mort pour faire du feu. En entrant, il jeta le bois sur le sol si fort que nous fuîmes(verbe: fuir), effrayés , au fond de la caverne . Le Cyclope fit entrer son troupeau, ferma sa grotte avec un énorme rocher, puis il commença à traire les chèvres. Soudain, il nous aperçut .

"Etrangers , qui êtes-vous ? D'où venez-vous? Etes-vous des marchands ou des pirates ?" demanda-t-il de sa voix terrible. Nous sentions notre coeur éclater de peur. Je décidai de lui répondre:
"Nous sommes Grecs, nous rentrons de la guerre de Troie. Mais les vents nous ont poussés loin de chez nous. Nous voici chez toi et nous espérons que tu nous accueilleras. L'hospitalitéle bon accueil est une règle de Zeus!
- Tu veux que moi je respecte les Dieux ? Mais je n'ai pas peur de Zeus! Nous, les Cyclopes, sommes plus forts que les Dieux! Je ne les écoute pas ! Mais dis-moi, où sont tes bateaux ?
Je décidai de mentir.
- Mon navire est brisécassé. PoséidonDieu de la mer l'a poussé contre un rocher. Moi et mes compagnons sommes les seuls survivantsvivants."

Le Cyclope ne répondit rien. Il attrapa deux de mes hommes, les frappa contre le sol puis les dévoramangea. Le spectacle était horrible ! Pendant ce temps, terrorisés , nous pleurions en suppliant Zeus de nous aider.

Le Cyclope s'allongea dans sa grotte et s'endormit. Je voulus le tuer avec mon poignardcouteau, mais je m'arrêtai: comment pourrions-nous sortir de cette grotte ? Le rocher était bien trop lourd pour nous !

Le matin, le Cyclope ralluma le feu, s'occupa de traire ses bêtes et dévora encore deux de mes compagnons. Ensuite, il poussa le rocher, fit sortir ses brebis et referma la grotte.

* * *

Nous restâmes seuls. J'aperçus alors un énorme tronc d'olivier contre la paroisle mur de la grotte. J'appelai mes compagnons :
"Prenons ce tronc et taillons-le. Rallumez le feu ! Nous allons durcir la pointe du tronc et quand le Cyclope dormira, nous lui crèverons l'oeil !"
Je choisis quatre hommes pour m'aider.

Le soir, le Cyclope rentra. Il roula le rocher, fit entrer toutes ses bêtes et referma la grotte. Pour son souper, il dévora encore deux de mes compagnons.


Ulysse et Polyphème, mosaïque de la villa Casale en Sicile

Je m'approchai de lui avec mon outre de vin et je lui dis :
- Cyclope, bois un peu de ce vin délicieux! C'est le vin que je voulais t'offrir !
- Le vin est vraiment succulent, dit le Cyclope. Donne m'en encore ! Et dis-moi quel est ton nom.
- Je m'appelle "Personne".
- Eh bien mon cher Personne, pour te remercier, je te mangerai en dernier !"

Après ces paroles, le Cyclope s'endormit. Rapidement, nous prîmes(verbe : prendre le pieu et nous le chauffâmes dans le feu. Quand la pointe fut(verbe: être) brûlante, nous portâmes le pieu et nous le plongeâmes dans l'oeil du Cyclope. Le sang bouillonnait autour du pieu brûlant.


Cyclope par Van Thulden Theodor

Polyphème se réveilla en hurlant , arracha le pieu couvert de sang et le jeta au loin.

Il appela à l'aide. Les autres Cyclopes arrivèrent, s'approchèrent de la caverne et demandèrent:
- Polyphème, pourquoi cries-tu ?
- On me tue! répondit Polyphème.
- Qui te tue ?
- Personne, c'est Personne qui me tue !
- Personne ?" dirent les autres Cyclopes étonnés. Et ils repartirent sans comprendre.

Le Cyclope, aveugle, souffrait. Il avança à tâtons et fit rouler le rocher pour faire sortir ses bêtes. Polyphème tâtaittouche leur dos pour vérifier que nous n'étions pas montés sur les brebis. Nous nous accrochâmes sous le ventre des béliers et nous réussîmes à nous enfuir.


Ulysse et Polypheme, par Jordaens Jacob (1593-1678)

Quand nous fûmes(verbe: être) plus loin, nous lâchâmes les béliers et nous courûmes jusqu'au navire. Quand nous fûmes en mer, j'appelai Polyphème pour me moquer de lui. Je hurlai :
"Cyclope ! Tu as été puni pour ta méchanceté! Tu accueilles les voyageurs pour les dévorer ! Zeus t'a puni !"


Ulysse et Polyphème par Arnold Bocklin, 1896

Le Cyclope se mit en colère: il arracha le sommet d'une montage et le lança vers nous. L'énorme rocher tomba dans la mer et notre bateau fut(verbe: être fortement secoué. Mes compagnons avaient peur et essayaient de me calmer: "Tais-toi Ulysse, arrête de le provoquer. Si tu te moques encore, il va écraser notre bateau avec ses rochers." Mais je ne les écoutai pas et je continuai à provoquer le Cyclope : "Cyclope ! Si tu veux savoir qui t'a crevé l'oeil, voici mon nom: je m'appelle Ulysse, le Roi d'Ithaque."

Le Cyclope commença alors une prière pour Poséidon, son père : "Ô maître des océans, Ô Poséidon, écoute-moi. Fais que jamais Ulysse ne rentre chez lui. Ou alors, qu'il rentre sur son île seul, après de nombreux malheurs, sans son bateau, sans ses compagnons et qu'il trouve encore des problèmes chez lui!"
Puis le Cyclope jeta plusieurs rochers vers nous.